Et si réussir, c’était s’honorer ?

Il y a parfois cette drôle de sensation que quelque chose ne veut pas bouger. Comme un espace qui reste figé, une énergie qui ne circule pas. On a l’impression de tourner en rond entre les mêmes options, sans savoir laquelle choisir. Et si ce blocage venait, non pas d’un manque de volonté, mais d’une peur bien plus profonde : celle d’oser réussir ?

On peut sentir l’envie d’avancer, de changer de lieu, d’élargir son cadre, de s’autoriser à créer autre chose. Mais quelque chose résiste. Comme si une partie de nous disait : « non, pas tout de suite, ce n’est pas le moment, tu risques de perdre ce que tu as déjà construit. »

Et alors, la confusion s’installe. On commence à douter de soi, à se demander si on se trompe de direction. On observe les autres, on rationalise, on attend des signes extérieurs. Mais au fond, la vraie question n’est pas celle du choix de situation. C’est celle du choix de soi.

Souvent, on croit faire des choix. Mais en réalité, on revient toujours au même endroit. Pas de grand saut, pas de grandes chutes. On change de décor, mais on rejoue la même pièce.

Parce que ce n’est pas le monde extérieur qui doit changer, c’est la posture. Tant qu’on reste dans une forme de soumission à ce que l’on croit devoir faire ou être, tant qu’on attend une forme de reconnaissance externe pour valider notre existence, on tourne en rond. On se coupe de l’élan vivant. Et on appelle ça prudence.

Nombreuses sont les décisions prises dans un calcul de sécurité plutôt que de croissance, celui du cercle connu du « bon élève de la survie ». On évalue le risque d’échouer, mais rarement le bénéfice de réussir. On choisit le moindre mal, mais pas le plus grand bien.

Or, dans ce rapport au monde, ce qui compte n’est pas tant le décor (ville, campagne, statut, image), mais la cohérence entre ce que l’on vit et ce que l’on veut profondément. Une vraie réflexion sur nos besoins, nos valeurs et notre définition personnelle de la réussite s’impose.

Il y a des choix qui nous rapprochent de nous-mêmes. Et d’autres qui nous en éloignent. Pas parce qu’ils sont bons ou mauvais, mais parce qu’ils activent des loyautés inconscientes, des injonctions familiales, des croyances anciennes : “je ne peux pas aller trop loin”, “je dois rester modeste”, “si je réussis, je vais perdre mes repères”...

Alors on freine. On s’auto-sabote, souvent sans même s’en rendre compte. On choisit « un peu » plutôt que pleinement. On reste là où c’est connu, même si ce n’est plus nourrissant.

Mais la réussite, la vraie, celle qui fait vibrer, commence quand on cesse de se cacher derrière de bonnes raisons. Quand on arrête de faire semblant d’hésiter alors que, quelque part, on sait, on sent.

On peut passer beaucoup de temps à réfléchir, peser le pour et le contre, évaluer ce qui est plus cohérent, plus aligné, plus raisonnable. Mais à un moment, il ne reste qu’un pas : celui de l’expérience.

Ce n’est pas tant le lieu qui compte, ni la forme du projet, ni la perfection des conditions. Ce qui compte, c’est de sentir que le choix que je fais me met en mouvement, me redonne de la présence, me rapproche de moi. Me fais grandir en Conscience.

Il n’y a pas de direction parfaite. Il y a une façon d’habiter sa Vie.

Et si la réussite, ce n’était pas atteindre un objectif, mais s’autoriser à se choisir, encore et encore et encore ?

Carine Allain (www.acte-et-sens.com)
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