Beaucoup d’adultes cherchent la joie, comme si elle s’était perdue en chemin. On lit, on avance, on se remet en question, on travaille sur soi… mais le ressenti profond reste discret, presque lointain. La joie semble exister chez les autres, ou dans un futur hypothétique, mais pas vraiment ici et maintenant. Pourtant, la joie n’est pas absente : elle est simplement désaccordée.
La joie n’est pas le résultat d’un effort, ni d’une accumulation d’outils ou d’expériences. Elle apparaît quand le sens de vie et la réalisation concrète avancent ensemble. Lorsque l’un tire d’un côté et l’autre dans la direction opposée, l’étincelle n'arrive pas. Ce que l’on ressent alors, c’est une forme de dissociation : d’un côté l’idéal, la vision ou les aspirations profondes ; de l’autre la vie concrète, avec ses projets, ses relations et ses contraintes. Tant que ces deux dimensions ne sont pas accordées, la joie ne peut pas circuler.
Nous avons souvent tendance à sur-investir l’un des deux pôles :
• Le pôle “sens” (réflexion, compréhension, quête)
On cherche des réponses, on prend de la hauteur, on essaie de donner un sens à tout. C’est précieux, mais si l’on reste trop longtemps dans l’introspection et la réflexion, la vie devient un concept. On flotte, on attend quelque chose de plus, et la joie ne s’incarne pas.
• Le pôle “matière” (action, projets, construction)
On s’active, on entreprend, on se met en mouvement. C’est utile, mais sans cap intérieur, on s’éparpille. On avance, mais sans saveur, comme si quelque chose en nous restait éteint.
Ce balancier permanent épuise et empêche la joie d’exister durablement.
Car la joie naît précisément du lien entre les deux.
Derrière ces déséquilibres, il existe souvent une structuration ancienne, héritée des débuts de la vie. Deux postures cohabitent :
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La petite souris : elle se fait discrète, doute, se retient, cherche à ne pas déranger. Elle veut la sécurité et la paix.
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L’éléphant : il veut s’affirmer, créer, prendre sa place, briller. Il aspire à la puissance et à l’expansion.
Ces deux parts ne sont pas “fausses”. Elles sont même légitimes. Mais tant qu’elles fonctionnent en opposition – l’une craignant le monde et l’autre voulant le conquérir – le système profond oscille sans jamais s’unifier.
La joie, dans ce contexte, ne peut que rester intermittente, voire absente. Elle est l’étincelle d’un accord, pas le produit d’un combat interne.
Trouver la joie profonde ne consiste pas à choisir un camp. Il n’y a pas à trancher entre la souris et l’éléphant, entre l’intention et l’action, entre le sens et la réalisation. Il s’agit de les mettre en lien.
Quand le sens éclaire les projets, et quand les projets donnent corps au sens, alors quelque chose en nous s’apaise et s’ouvre. Le système profond cesse de gaspiller son énergie en oscillations, et l’étincelle de la joie peut enfin apparaître.
1. Clarifier ce qui compte vraiment
Identifier ce que l’on veut nourrir dans sa vie : valeurs, directions, priorités. Le sens n’a pas besoin d’être compliqué : il doit simplement être vrai.
2. Construire, même modestement
Oser poser des actes, prendre des décisions, avancer pas à pas. La matière est le terrain de la joie quand elle incarne ce qui compte pour nous.
3. Relier chaque jour les deux pôles
Créer des ponts : un choix cohérent, une décision alignée, une parole posée. Ce sont ces gestes répétés qui accordent le système intérieur.
La joie ne se force pas. Elle ne se mérite pas.
Elle apparaît comme l’effet naturel d’un système accordé, d’une personne qui marche dans une même direction à l’intérieur et à l’extérieur.
Quand on n’essaie plus d’être soit la souris, soit l’éléphant, mais qu’on redevient pleinement soi, alors la joie peut enfin venir. Non pas comme un souvenir, ni comme une promesse, mais comme une présence.
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Carine Allain (www.acte-et-sens.com)
Consultations avec carine allain( ACTE ET SENS ):
https://reservation.acte-et-sens.com/events?calendar=Carine
La joie est l’étincelle qui naît lorsque ce qui compte pour nous et ce que nous mettons en œuvre cessent de s’opposer.