Publié le 12 Juin 2025 par Carine Allain

Confusions amoureuses : Entre passion, pouvoir et identité

Et si nos attirances, nos crises amoureuses, nos élans passionnels n’étaient pas seulement des histoires de cœur… mais aussi des révélateurs puissants de nos besoins invisibles, de notre construction intérieure ?

À travers certains schémas amoureux – notamment ceux marqués par l’intensité, la confusion, ou une forme de dépendance affective – ce qui se joue dépasse largement le cadre du couple. C’est notre relation à nous-même qui est en jeu.

Quand l'autre devient un Dieu ou une Déesse

Il arrive que l’on projette sur une figure amoureuse une puissance presque divine : l’autre devient un repère, un sauveur, une source d’admiration absolue. Cela peut être un supérieur hiérarchique, une figure charismatique, ou simplement une personne qui semble incarner ce qu’on ne s’autorise pas à être.

Ce type de lien est rarement paisible. Il nourrit un mélange de fascination, d’attente, d’angoisse… et souvent, d’oubli de soi. Derrière cette projection, il y a parfois une quête : celle d’un père et/ou d'une mère intérieurs idéalisés, d’un modèle perdu ou inatteignable. La confusion entre amour, reconnaissance et pouvoir y est fréquente.

Du fantasme à la réalité : clarifier ses désirs

Il est essentiel, dans ces moments-là, de se poser une question fondamentale : suis-je en train d’aimer la personne… ou ce qu’elle symbolise pour moi ?

Souvent, ce n’est pas l’autre qu’on désire, mais la place que l’on pense pouvoir occuper à ses côtés. Devenir "la femme ou l'homme de", "la / le choisi-e", "la/ le reconnu-e". Et derrière ce fantasme, se cache un besoin d’exister, de prendre une place de pouvoir, voire d’affirmation identitaire.

Mais cela soulève une problématique fréquente : vouloir résoudre une faille personnelle à travers la relation, en espérant que l’amour ou la validation d’un autre ou d'une autre puisse combler un manque ancien.

Amour ou stratégie de réparation ?

Ces dynamiques peuvent être renforcées par une structure familiale où certaines figures – comme le père ou la mère – ont été placées très haut symboliquement. Dans ce cas, l’amour devient un moyen inconscient de reprendre une place non reconnue, ou de "corriger" une blessure originelle.

Mais aimer pour réparer, c’est risquer d’enfermer l’autre et soi-même dans un rôle. Et souvent, cela crée des relations où l’on oscille entre puissance et impuissance, idéalisation et frustration, loyauté et envie de fuite.

Se recentrer : retrouver sa voix intérieure

Avant de choisir entre deux personnes, ou de fantasmer une autre vie, il est souvent nécessaire de faire un choix plus intime : celui de se retrouver soi-même.

👉 Qui suis-je, en dehors du regard de l’autre ?
👉 Qu’est-ce que je veux vivre, sincèrement, au-delà des scénarios que je me raconte ?
👉 Est-ce que mes élans sont alignés avec ma vérité intérieure, ou avec une stratégie inconsciente pour me prouver quelque chose ?

Revenir à ces questions, c’est retrouver son pouvoir réel. Pas un pouvoir sur l’autre, mais le pouvoir de choisir en conscience, d’aimer sans se renier, de bâtir des relations claires, incarnées, vivantes.

Pour aller plus loin:
Les confusions amoureuses sont souvent des portes d’entrée vers soi. Plutôt que de les juger ou de les fuir, il est possible de les écouter comme des messages de notre inconscient. Ce ne sont pas des erreurs : ce sont des appels à se comprendre plus profondément.

Et parfois, c’est en retrouvant notre propre axe que le couple devient possible… ou que l’on découvre qu’il est temps d’en réinventer un, plus aligné avec qui l’on est devenu·e.