S'accepter tel que l'on est : et si c’était ça, le vrai lâcher-prise ?

Dans un monde qui nous pousse sans cesse à paraître, performer, nous améliorer, il est parfois salutaire de faire une pause. De se retourner, non pas pour regarder derrière, mais pour se regarder dedans. Pour se demander : qui suis-je vraiment, au-delà de ce que j’essaie d’être ?

On aime les histoires de transformation, de renaissance. Mais ces récits sont souvent biaisés : ils nous vendent l’idée qu’il faut devenir quelqu’un d’autre, plus lumineux, plus lisse, plus conforme. Pourtant, peut-être que le vrai changement commence quand on cesse justement de vouloir changer à tout prix.

Et si nous étions déjà assez ? Même avec nos aspérités, nos contradictions, nos doutes ? Comme une chenille de nuit, un peu poilue, un peu étrange, mais parfaitement à sa place dans l’écosystème.

On s’inquiète souvent de ce qu’on « sème » dans la vie. De nos intentions. De nos actes. Mais la question n’est peut-être pas : « Est-ce que j’ai semé les bonnes graines ? », mais plutôt : « Est-ce que je laisse pousser ce qui a envie de pousser ? »

Parfois on s’attend à voir éclore des crocus et on découvre… des ronces. Et c’est très bien ainsi. Car même les ronces portent des fruits. Peut-être pas ceux qu’on attendait. Mais des fruits tout de même.

Il arrive qu’on pense ne pas avoir de désirs. Ou qu’on les minimise, les étouffe, les range dans une boîte bien fermée. Pourtant, dans un détail – le goût d’un vin blanc minéral, la beauté d’un papillon de nuit, le plaisir d’un silence partagé – un désir simple et vrai peut surgir. Ces petites choses qui nous touchent sont des indices précieux de qui nous sommes vraiment.

Apprendre à les reconnaître, à les honorer, c’est se reconnecter à soi. C’est aussi apprendre que le contrôle n’est pas toujours synonyme de sécurité, et que le lâcher-prise, loin d’être un abandon, est une manière de se faire confiance.

Beaucoup de personnes vivent avec cette sensation diffuse d’être fondamentalement « de travers », « pas comme il faut ». Cette impression ne vient pas de nulle part. Elle naît souvent de paroles blessantes, de regards désapprobateurs, ou d’un environnement qui n’a pas su accueillir notre singularité.

Mais cette idée n’est pas une vérité. C’est un filtre qu’on a appris à poser sur soi. Et il est temps de l’enlever.

Ce n’est pas parce qu’on ferme les yeux que le monde disparaît. Ce n’est pas parce qu’on doute de soi qu’on est perdu. Il se pourrait que sous les couches d’adaptation, de contrôle, de conformisme, il y ait quelque chose de simple et d’essentiel qui attend d’être reconnu : notre manière unique d’être au monde.

Et si on osait, doucement, commencer à faire confiance à cette présence ? À ce qui nous fait vibrer, même si cela sort des cadres habituels ? Même si cela paraît « étrange » ? Même si cela fait un peu peur ?

Il n’y a pas de recette miracle, pas de formule toute faite. Il y a un chemin. Le vôtre. Il commence là où vous êtes. Avec ce que vous êtes.

Alors peut-être que le plus grand acte de courage aujourd’hui, ce n’est pas de devenir quelqu’un d’autre. C’est de vous autoriser à être vous.

Entièrement. Profondément. Simplement.

Carine Allain (www.acte-et-sens.com)
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