ALLAIN Carine

ALLAIN Carine

Clairvoyante. Co-fondatrice de ACTE et SENS. https://www.acte-et-sens.fr

Publié le par Carine Allain

Dans nos vies, bien souvent, nous sommes confrontés à une tension subtile : faut-il aborder les choses sérieusement pour qu’elles aient de la valeur, ou peut-on se permettre de les vivre avec légèreté ? Ce dilemme traverse de nombreuses sphères de notre existence : nos projets, nos relations, nos engagements personnels… Et il mérite qu’on s’y arrête.

Dans une société qui valorise la performance, la rigueur, et la profondeur, nous avons parfois appris — consciemment ou non — à nous méfier du plaisir simple, de l’intuition, du jeu. Comme si ce qui était vécu de manière récréative était moins digne, moins valable, voire moins « évolué ». Or, il existe un véritable piège dans cette posture mentale qui oppose systématiquement le profond au léger.

L’interdiction inconsciente du récréatif

Certaines personnes, sans même s’en rendre compte, portent en elles une forme d’interdiction sur le récréatif. Comme si elles ne s’autorisaient à faire quelque chose que si c’était « utile », transformateur, ou porteur d’un enjeu significatif. Le plaisir devient alors secondaire, parfois même suspect. L’intuition, la spontanéité, la simplicité… tout cela passe à la trappe au profit d’une volonté farouche de faire « bien », « sérieusement », « comme il faut ».

Mais cette posture peut être extrêmement déséquilibrée. Elle peut générer de la pression, de la rigidité, une perte de joie. Et dans les interactions humaines, cela crée souvent un filtre, une tension, voire un besoin de contrôle. On cherche à sécuriser ce qui ne peut l’être : les émotions, les réactions des autres, l’inconnu. Et cela devient… fatigant.

Récréatif ou Superficiel

Prendre une décision à partir d’un désir sincère, d’un élan léger, d’une envie de découverte, n’est pas moins noble qu’une décision prise avec gravité. Il est même fondamental de reconnaître que certaines expériences sont d’abord là pour être vécues. Pas pour être analysées, disséquées ou justifiées.

Il ne s’agit pas de faire n’importe quoi, ni de vivre dans une insouciance permanente. Il s’agit de comprendre que l’intention récréative est parfois le meilleur point d’entrée dans des expériences qui, par la suite, peuvent devenir profondes, révélatrices, riches. Mais à condition d’accepter de ne pas tout prévoir, de ne pas tout verrouiller.

De la légèreté à la transformation

Quand on choisit d’explorer une expérience — quelle qu’elle soit — avec l’intention de se faire plaisir, d’aller vers la nouveauté, on ouvre un espace. Un espace de possibles. Un espace relationnel. On remet du vivant.

Et c’est souvent là que des déclics importants ont lieu. Pas parce qu’on les a cherchés avec "sérieux", mais parce qu’on a osé se laisser surprendre. Parce qu’on a relâché la pression. Parce qu’on a respiré.

Dans ce contexte, le mot-clé devient équilibre. Trouver cet espace entre le sérieux et le léger. Ne plus être dans le tout ou rien. Pouvoir dire : « Je m’engage, mais je garde ma joie. Je découvre, mais je ne me force pas. Je me transforme, mais je ne me perds pas. »

Le « récréactif » : le vrai défi

C’est peut-être là que naît ce jeu de mots précieux : récréactif. Une manière d’être au monde où l’on allie l’intention sérieuse avec la vibration légère. Une approche qui permet à la transformation de ne pas être pesante. À la découverte d’être joyeuse. Aux liens de se tisser sans stratégie.

Cela suppose aussi de réconcilier en soi les deux parties : celle qui veut apprendre, avancer, progresser… et celle qui veut simplement vivre, ressentir, s’amuser. Quand ces deux parts travaillent ensemble, plutôt que l’une contre l’autre, le mouvement intérieur devient plus fluide.

Et dans les relations ?

Cette réflexion prend toute sa force lorsqu’on la ramène à nos interactions. Il peut arriver qu’une personne du passé réapparaisse. Cela réactive des tensions, des blessures, parfois des désirs de revanche ou de confrontation. Et là, tout le système intérieur se met à vibrer : faut-il y aller pour régler quelque chose ? Faut-il éviter l’autre ? Ou simplement accepter ce qui vient, en se centrant sur soi ?

L’enjeu n’est alors plus de contrôler la situation, mais de choisir l’intention. Est-ce que je fais ce choix pour me venger, pour me prouver quelque chose ? Ou est-ce que je choisis d’avancer vers ce qui me fait du bien, avec conscience et bienveillance ?

Dans une relation passée , ce que l’on croit vouloir apprendre de l’autre est souvent secondaire. Ce qui compte vraiment, c’est ce que l’on est prêt à vivre avec soi-même. Ce que l’on accepte enfin de regarder. 

Réconcilier légèreté et profondeur

Au fond, cette question du récréatif et du sérieux nous invite à rentrer dans un monde subtile et complexe. Ce n’est pas l’un contre l’autre. C’est ensemble, dans un mouvement d'équilibre, que ces deux pôles trouvent leur puissance.

La légèreté peut nous ramener à la joie, au lien, à l’humain. Le sérieux peut nous offrir une structure, un cadre, une direction. Mais l’un sans l’autre finit par se faner.

Alors peut-être que le vrai défi, aujourd’hui, n’est pas de choisir entre transformation profonde et plaisir léger… mais de les unir.

Carine Allain (www.acte-et-sens.com)
Consultations avec carine allain( ACTE ET SENS ):
https://reservation.acte-et-sens.com/events?calendar=Carine

"La légèreté est une forme d’intelligence émotionnelle."

Carine Allain

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