ALLAIN Carine

ALLAIN Carine

Clairvoyante. Co-fondatrice de ACTE et SENS. https://www.acte-et-sens.fr

Publié le par Carine Allain

Dans un monde en perpétuelle mutation, il est parfois difficile de garder un cap. Entre les attentes extérieures – souvent issues de la famille, de la société ou de l’histoire collective – et la volonté d’exister selon nos propres repères, se tient une tension silencieuse mais profonde : celle de l’autonomie.

Entre fidélité et émancipation : une danse intérieure

Nous portons tous, à des degrés divers, l’empreinte de notre lignée familiale. Que ce soit par loyauté, amour, besoin de reconnaissance ou par peur de trahir, cette empreinte influence souvent nos décisions. Mais il arrive un moment où l’on sent que cette fidélité nous retient plus qu’elle ne nous soutient. L’envie de créer une vie à soi entre alors en conflit avec des attachements invisibles mais puissants.

Cette pression intérieure peut devenir écrasante si elle n’est pas identifiée. Et à défaut d’être conscientisée, elle se manifeste parfois sous forme d’addictions, d’épuisement, ou de comportements auto-saboteurs.


La pression sans forme : quand rien ne semble “juste”

Il existe des périodes où tout semble flou. Les repères disparaissent, les projets perdent leur sens, et la motivation s’effondre. Ce vide n’est pas un échec. Il signale souvent une transition, un entre-deux où l’ancien ne suffit plus et où le nouveau n’est pas encore né.

C’est une étape inconfortable mais nécessaire. Elle invite à revisiter non pas nos choix uniquement, mais la manière dont nous faisons des choix. Sommes-nous guidés par notre peur du rejet ? Par le besoin de plaire ? Ou par un réel élan intérieur ?


L’autonomie ne se donne pas, elle se cultive

On confond souvent autonomie et indépendance. L’une est une posture intérieure, l’autre une organisation extérieure. Être autonome, c’est pouvoir se positionner, faire des choix alignés, même en présence de l’autre, même en décalage avec ce qu’il attend de nous.

Mais cette autonomie se construit dans le temps. Elle nécessite de sortir d’un fonctionnement “réactif” — où l’on agit pour échapper à une douleur ou à une attente — pour entrer dans un mouvement “créatif” : celui de bâtir une vie qui nous ressemble.


Le regard de l’autre et l’interdit d’exister pleinement

L’un des freins majeurs à l’autonomie est la peur du regard de l’autre. Cette peur nous pousse parfois à chercher des figures d’autorité extérieures pour valider nos choix, ou au contraire à rejeter toute autorité pour prouver qu’on est “libre”.

Mais dans les deux cas, nous restons dépendants. Le véritable pivot se situe ailleurs : dans notre capacité à reconnaître notre valeur, à écouter notre propre rythme, et à affirmer notre place — sans demander la permission.


Sortir du mythe de la destruction nécessaire

Beaucoup ont ancré en eux l’idée que pour évoluer, il faut passer par la chute, la crise ou la douleur. Comme si le changement ne pouvait surgir que du chaos. C’est une croyance héritée, souvent inconsciente, mais qui alimente des comportements de sabotage ou de fuite.

Et si évoluer pouvait se faire autrement ? En douceur, en conscience, avec bienveillance pour soi ? Il ne s’agit pas de nier la difficulté du chemin, mais de comprendre que la souffrance n’est pas une condition à la transformation.


Revenir à soi : un chemin, pas un verdict

L’accompagnement, qu’il soit spirituel, thérapeutique ou relationnel, ne consiste pas à trouver la réponse, mais à s’ouvrir à sa réponse. Celle qui fait sens aujourd’hui, dans l’état où l’on est. Et surtout, à remettre du mouvement là où tout semblait figé.

Retrouver son axe, ce n’est pas “réussir sa vie” selon un modèle. C’est se reconnaître comme sujet de sa propre histoire. C’est accepter que parfois, on avance à tâtons. Et que c’est ok.


Conclusion :
Ce que nous ressentons n’est pas négociable. Ce que nous en faisons, en revanche, l’est. Chaque pression intérieure peut devenir un levier de croissance, si elle est accueillie avec honnêteté. Et chaque lien à l’autre peut devenir un espace de transformation, si nous apprenons à y habiter avec intégrité.


 

 

"Être jugé, c’est douloureux. Se libérer sans juger en retour, c’est alchimique."

Carine Allain

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