Dans le monde professionnel, et plus encore dans les environnements à forte charge humaine, le stress n’est pas toujours une question de tâches à accomplir. Il s’inscrit souvent dans un langage plus subtil, celui du positionnement relationnel, du rapport à la hiérarchie — non seulement structurelle, mais surtout émotionnelle.
Derrière la fatigue, les tensions chroniques, les difficultés à « trouver sa place », se cache une dynamique invisible et puissante : la hiérarchie relationnelle.
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Compétence ou connexion ?
Nos environnements professionnels valorisent la performance, la rigueur, l'efficacité. Mais cette hiérarchie de compétences, aussi nécessaire soit-elle, laisse souvent dans l’ombre une autre réalité : la hiérarchie émotionnelle. C’est elle qui détermine, bien plus que le poste ou la fiche de mission, notre sensation de sécurité, d’appartenance, de reconnaissance.
Certaines personnes sont naturellement portées vers l’excellence fonctionnelle, d’autres vers la qualité du lien humain. D'autres encore, plus nombreuses qu'on ne le croit, se tiennent dans un entre-deux fragile, tentant de conjuguer efficacité et présence, rigueur et relation, sans modèle ni repère clair.
Or, quand cette double hiérarchie n’est pas reconnue, l'incompréhension et le stress surgissent.
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Le syndrome du "bon élève"
Nombreux sont ceux qui, pour être « à la hauteur », reproduisent inconsciemment un vieux schéma : celui du bon élève qui fait tout pour répondre aux attentes du « professeur » — qu’il soit directeur, encadrant, ou simplement le système. Mais ce positionnement, quand il est alimenté par la peur de l’exclusion ou le besoin d’être validé, provoque un déséquilibre profond.
Faire de son mieux n’est pas toujours suffisant, surtout quand cela est perçu, à tort, comme une volonté d’être « meilleur que les autres ». Ce malentendu silencieux peut isoler, créer des conflits latents, et alimenter un stress sourd et persistant.
Dans ces cas-là, tout en soi tire la sonnette d’alarme.
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Le besoin de relation authentique
Travailler dans un environnement où la relation humaine est centrale tout en restant enfermé dans une logique de performance peut devenir douloureux. Quand l’humain est relégué au second plan, que les collègues deviennent des concurrents et que la fonction prend le pas sur la présence, quelque chose s’épuise.
Pourtant, le véritable besoin, souvent tu, est simple : être reconnu dans sa justesse, et non dans sa perfection. Retrouver un équilibre entre le faire et l’être. Ne plus confondre la compétence avec la valeur personnelle, ni le lien avec la manipulation. Il ne s’agit pas de plaire, mais de se relier.
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Vers une sortie de l’impasse : ne plus fuir, mais choisir
Dans les parcours de transition, un piège fréquent consiste à vouloir « fuir » ce qui fait mal, sans savoir vers quoi aller. Mais quitter un environnement sans avoir compris ce qu’il révèle, c’est souvent risquer de reproduire ailleurs le même schéma.
Le point d’inflexion ne se trouve pas dans le départ, mais dans la reconnaissance d’un besoin légitime : celui d’un environnement aligné avec ses valeurs humaines. Un espace où l’on peut travailler sans se suradapter. Un lieu où la compétence ne s’oppose pas à la relation.
Cela demande un repositionnement intérieur : non plus chercher à « bien faire », mais chercher ce qui est juste pour soi. Cela ne veut pas dire tout quitter immédiatement. Cela veut dire commencer à se poser la bonne question : Qu’est-ce que je veux vivre, et avec qui ?
En conclusion
Le stress relationnel, souvent confondu avec une « mauvaise ambiance » ou un épuisement passager, est souvent le symptôme d’un désalignement entre ce que l’on donne et ce que l’on reçoit — non en termes de reconnaissance explicite, mais en qualité de lien.
Dans ce monde qui valorise encore trop peu la relation vraie, prendre conscience de son propre fonctionnement — entre besoin de compétence et besoin de contact — est un acte de lucidité. Et souvent, le début d’un retour à soi.
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Carine Allain (www.acte-et-sens.com)
Consultations avec carine allain( ACTE ET SENS ):
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"Tant que la hiérarchie relationnelle reste ignorée, le stress s’installe là où le lien devrait nous porter."