Il y a des jours où tout paraît flou. L’esprit est tendu, le corps crispé, et la simple idée de "profiter" semble étrangère. On se surprend à rêver d’un instant de paix : respirer profondément, sortir, regarder une fleur, et ressentir quelque chose de simple… du plaisir. Mais parfois, même ça, on ne sait plus comment faire.
Quand le quotidien devient une course ou une lutte, le plaisir s’efface. Il semble lointain, réservé à d'autres. Pourtant, il n’est ni un luxe, ni une récompense. Il est essentiel. Et il peut se cultiver.
Trop souvent, on confond le plaisir avec l’exceptionnel. On l’imagine rare, mérité seulement après l’effort, ou seulement réservé aux moments parfaits. Mais le vrai plaisir ne se trouve pas uniquement dans les grandes victoires ou les projets aboutis. Il est dans l’instant, dans les choses simples et accessibles : une musique qui nous touche, un repas préparé avec attention, une présence apaisante, un silence juste.
Malheureusement, notre histoire personnelle, notre éducation, ou nos blessures nous ont parfois appris à nous méfier de cette légèreté. Il a pu être jugé comme futile, égoïste, ou dangereux. On a pu nous faire croire qu’il fallait d’abord souffrir, prouver, réparer, avant d’avoir droit à la joie.
Certains schémas se répètent inconsciemment. Une voix intérieure qui critique. Un besoin constant d’être à la hauteur. Une peur d’être jugé ou de ne pas en faire assez. Ces mécanismes viennent souvent de loin. Ils ont pu être transmis sans malveillance, mais ils nous enferment.
Quand le plaisir devient un territoire inconnu, c’est parfois parce qu’on a appris à vivre dans la tension, la performance ou la protection. On devient fort pour anticiper, résoudre, gérer. Mais pas forcément pour accueillir ce qui est bon, doux, ou gratuit.
Pour réapprendre à vivre avec plaisir, il est essentiel de distinguer trois notions qui se croisent mais ne se confondent pas.
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Le confort : c’est ce qui stabilise. Un environnement apaisant, des repères, une certaine sécurité émotionnelle ou matérielle.
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Le bien-être : une sensation intérieure de paix, un espace où l’on respire mieux.
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Le plaisir : ce frisson, cette joie vive, parfois fugace, parfois profonde, mais toujours réelle.
Le plaisir n’est pas rare par essence. Ce qui le rend rare, c’est parfois notre façon de le chercher. On l’imagine extraordinaire, alors qu’il est souvent dans le mouvement, dans la spontanéité, dans ce qui nous touche ici et maintenant.
Le défi n’est pas tant de "trouver" du plaisir que de s’autoriser à l’accueillir. Il ne s’agit pas de renier les douleurs ou les responsabilités. Il s’agit de ne plus se définir uniquement à travers elles. Il est possible de se remettre en lien avec soi, avec les autres, avec le monde, autrement.
Le plaisir peut alors devenir un guide. Non pas un but, mais une boussole intérieure. Il indique ce qui nourrit, ce qui apaise, ce qui ouvre. Il invite à ralentir, à ressentir, à choisir ce qui nous fait du bien plutôt que ce qui nous enferme.
Ce chemin n’est pas identique pour chacun. Il n’existe pas de recette universelle. Pour certains, le plaisir se trouve dans l’action, pour d’autres dans la contemplation. Il peut changer avec l’âge, l’environnement, ou l’état du moment. L’essentiel est d’apprendre à l’identifier, à l’honorer, à le laisser exister sans l’étiqueter ni le contrôler.
Et surtout, de ne pas le sacraliser. Le plaisir n’est pas un mythe. Il ne demande pas un contexte parfait. Il commence là où l’on se permet d’être présent, ouvert, et bienveillant envers soi-même.
Parce que réapprendre le plaisir, c’est souvent un acte de réconciliation.
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Carine Allain (www.acte-et-sens.com)
Consultations avec carine allain( ACTE ET SENS ):
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Le plaisir n'est pas un privilège: c'est une compétence qu'on réapprend, un choix qu'on ose, un lien qu'on restaure avec soi.